Fort La Tour
Le Fort La Tour (Fort Sainte-Marie) est un poste de traite fortifié qui est situé dans le port de Saint-Jean au Nouveau-Brunswick.
En 1631, Charles de Saint-Étienne de La Tour (1593-1666), gouverneur de l’Acadie et entrepreneur en commerce de la fourrure, établit à l’embouchure de la rivière Saint-Jean un poste de traite fortifié baptisé Fort Sainte-Marie aussi connue come Fort La Tour.
Traditionnellement situé sur un terrain utilisé par les membres des Premières nations, ce fort devint l’un des tous premiers comptoirs français pour la traite des fourrures dans la région. En effet, les commerçants autochtones apportèrent leurs fourrures depuis la rivière Saint-Jean jusqu’au fort pour troquer leurs ballots contre des marchandises telles que des perles, des pointes de lance en fer et des pointes de flèches. De plus, le fort constitua pour Sieur de La Tour, un bastion stratégiquement positionné pour contrer les attaques de son rival, Charles de Menou d’Aulnay, lui-même basé à Port-Royal, de l’autre côté de la baie de Fundy.
Charles de Menou D’Aulnay sert d’abord dans la marine Francaise, comme lieutenant de son cousin Isaac de Razilly.
En 1632, Isaac de Razilly s’impliqua, à la demande du cardinal de Richelieu, dans la colonisation de l’Acadie. Il débarqua à La Hève, aujourd’hui LaHave, en Nouvelle-Écosse, avec 300 hommes et 3 moines, et construisit le fort Sainte-Marie-de-Grâce. Il prit possession de Port-Royal pour y établir une colonie française.
En 1635, son commandant, Razilly, confia à Charles de Menou D’Aulnay une mission périlleuse. Le poste de Pentagouet, fondé par Claude de Saint-Étienne de La Tour (père de Charles de Saint-Étienne de La Tour) vers 1625, qui avait été pris par les Anglais, qui le détenaient toujours. Razilly chargea d’Aulnay de le reprendre avec l’aide de Charles de Saint-Étienne de La Tour. Ce dernier avait accepté de coopérer avec Razilly, mais refusa de travailler sous les ordres d’Aulnay, qui parvint néanmoins à reprendre le poste et à le défendre contre une contre-attaque anglaise. Mais l’année suivante, la Compagnie de la Nouvelle-France, où les La Tour pouvaient compter quelques alliés, céda le Vieux-Logis de Pentagouet à Claude de La Tour. Ce conflit allait donner naissance à une longue et coûteuse rivalité entre les deux concurrents.
Jean-Daniel Chaline, un des lieutenants de La Tour, devint commandant de ce premier établissement de la rivière Saint-Jean. La Tour profita de cette occasion pour aller en France pour recruter des colons destinés à son poste principal, qu’il transféra au fort Sainte-Marie en 1635.
En 1645, profitant de l’absence du Sieur de La Tour, d’Aulnay passa à l’offensive et attaqua le fort. Françoise-Marie Jacquelin, l’épouse du Sieur de La Tour, dirigea la défense de la garnison jusqu’à sa capitulation auprès d’Aulnay, quatre jours plus tard.
FRANÇOISE-MARIE JACQUELIN, COMMANDANTE DU FORT
Après la mort de son épouse mi’kmaq, Charles de Saint-Étienne de La Tour épouse Françoise-Marie Jacquelin(1621-1645). Le couple s’installa au fort de La Tour, situé à l’embouchure du fleuve Saint-Jean. Elle y établit sa demeure et donna naissance à un fils.
Françoise-Marie Jacquelin, une Française va s’avérer pleine de talent et de ressources et prendre souvent la place de son mari dans les affaires.
Au début de la nouvelle année 1645, d’Aulnay lança une attaque infructueuse contre le fort La Tour. Peu après, La Tour, privé de tout approvisionnement en provenance de France, décida de se rendre à Boston pour demander de l’aide aux Anglais. Des déserteurs rapportèrent à d’Aulnay qu’il avait quitté le fort et que celui-ci n’était plus occupé que par 45 hommes. Il décida aussitôt de relancer l’attaque et arriva au fleuve Saint-Jean le 13 avril avec une force d’environ 200 hommes. Son émissaire, porteur de la sommation de se rendre, fut promptement congédié par Mme de La Tour, qui avait pris le commandement du fort et était déterminée à se battre s’il le fallait.
Françoise-Marie va vaillamment défendre le fort pendant trois jours à la tête d’une garnison de 45 hommes. Malgré de lourdes pertes, le combat se poursuivit. Le dimanche de Pâques – quatrième jour du siège – le bombardement de d’Aulnay avait détruit une partie du parapet du fort et il avait pu débarquer une troupe armée de deux canons. Trahie par un garde qui a ouvert les portes aux assaillants le dimanche de Pâques 1645. Sa seule condition pour se rendre et arrêter la bataille fut qu’on épargne ses hommes.
Charles d’Aulnay accepte ces conditions, mais revient sur sa parole, il pend les hommes et emprisonne Françoise-Marie, qui meurt trois semaines plus tard, à l’âge de 24 ans, cinq ans seulement après son mariage avec La Tour.