Origine Les Mines

Cape d’Or (voir tableau #1) a été appelé L’mu’juiktuk par les Mi’kmaq, les peuples autochtones de la Nouvelle-Écosse. Le cape était un centre de production et de commerce outil pour les Mi’kmaq à cause des veines de roche dense dur tels que chert qui pourrait être façonné pour former des arêtes vives pour des outils et des armes. Les Mi’kmaq a également obtenu des dépôts de cuivre dans le basalte. Une fouille archéologique près des phares en 1980 a trouvé de vastes artefacts autochtones datés il y a environ 2000 ans.

Cap d’or et les Mines

Samuel de Champlain a exploré les gisements de cuivre au Cap d’Or en 1607 et donna le nom de Port aux Mines (voir Carte #1) à l’endroit maintenant appeler Advocate Harbour (1) en Nouvelle Ecosse, afin de refléter les gisements de minerai de cuivre.

Les Français n’ont pas établi une mine au Cap d’Or comme les falaises massives et les marées faisait leurs exploitations difficiles, mais le nom “Les Mines” est devenu associé à la baie de Fundy au-delà du Cap d’Or qui est devenu connu sous le nom “Baie des Mines”(voire carte #2), plus tard Minas basin, et les communautés acadiennes se sont développer autour de la rive sud du bassin Minas qui est devenu connu sous le nom les Mines (voir carte # 3). Ils sont partis de Port Royal (voir Carte #4) pour s’établir tout le long de la région connue comme les Mines.

Régions « les Mines »

La région des Mines a été colonisée par les Micmacs. On a retrouvé des traces de villages ou de campements au bord de la rivière Gaspereau et à lle Long Island(Grand Pré). Il y aurait déjà eu un cimetière à la pointe Starrs.

la désignation des Mines s’appliqua d’abord au premier établissement de la Grand’Prée et de la rivière des Mines. Graduellement,au fur et à mesure que le bassin se peupla, Pisiquid puis Cobéquid se dissocièrent des Mines. Ensuite, la rivière aux Canards se distingua de l’établissement initial malgré sa relative proximité, la désignation les Mines.  Au recensement de 1701, « les Mines » désigne encore toute la région, mais on voit apparaître le terme “la Grand’Prée” pour la péninsule de marais salants.

Les Mines couvrait l’établissement initial de la Grand’Prée et ceux des rivières des Mines, rivière Gasparot, riviere aux Canards, riviere de la Vieille-Habitation, riviere Perrot et Pisiquid. Cette seigneurie appartenait aux LeBorgne de Bélisle, également seigneurs de Port-Royal. Par un arrêt du 20 mars 1703, le Conseil d’État du Roy divisa cette gigantesque seigneurie en sept parties revenant aux descendants de Jacques de La Tour et d’Alexandre LeBorgne de Bélisle, dont la femme était une La Tour. Pisiquid et les Mines constituèrent dès lors des seigneuries distinctes de celle de Port-Royal. La baie de Cobéquid, située à l’extrémité orientale du bassin des Mines, fut pour sa part concédée en 1689 à Mathieu Martin, un tisserand de Port-Royal.

Pierre Terriot et Pierre Mellanson auraient été les initiateurs du mouvement migratoire de Port-Royal vers les Mines au début de la décennie 1680. C’est ce qu’indique le registre de la mission de Beaubassin du 25 juin 1684, date à laquelle le père Moireau baptisa plusieurs enfants des Mines dont certains nés deux ans uparavant. Ce mouvement sera si bien suivi que, dès le recensement de 1701, les Mines apparaît comme l’établissement le plus populeux d’Acadie, devant Port-Royal son chef-lieu, et ce, après seulement vingt ans de colonisation.

Le premier recensement des mines en 1689 démontre 57 habitant. Ils s’établissent le long des rivières habitant, rivières aux Canard, et a la Grand Pré

Un des fondateur des Mines est un riche habitant de Port-Royal (voir carte ci-desous), Pierre Terriot. Il s’établit à la rivière Habitant vers 1681, accompagné de Claude Landry, Antoine Landry et René Le Blanc. Pierre Terriot aidait les colons, les plus pauvres à s’établir.  Un rapport de 1694, rédigé par Mathieu De Goutin, souligne que Pierre Terriot, « l’un des juges commis par M. de Champigny audit lieu des Mines », en fut « comme le fondateur ayant avancé presque tous ceux qui y sont venus s’habiter » .

Pierre Terriot est né environ 1654 à Port-Royal, en Acadie, et est décédé le 21 mars 1725 à Rivière aux Canards. Il fut enterré le 22 mars 1725 à Saint-Charles-des-Mines, Grand-Pré.

Pierre s’installe à Saint-Joseph de Rivière-aux-Canards, dans Les Mines en 1681 à l’âge de 26 ans. Pierre épousa vers 1685, Cécile Landry, la fille de René et Marie Bernard.

En 1682, Pierre fonda une colonie sur la rivière Saint-Antoine (Cornwallis River), pas très loin de la colonie de Pierre Melanson à Grand-Pré. Il fournit du blé sans intérêt et logea beaucoup de colons pendant que leurs maisons étaient en construction

La maison de Pierre Terriot servit à l’origine de résidence au prêtre. L’église fut probablement construite par le deuxième prêtre permanent, Louis Geoffroy. Les Missions étrangères de Paris s’occupèrent de la paroisse jusqu’en 1702, avant d’être remplacées par les récollets de la province de Saint-Denis. Ceux de la province de Bretagne les remplacèrent en 1724.

 

On dit que le village de la Grand-Pré a été fondé vers 1684 par Pierre Melanson et sa femme Marie-Marguerite Mius d’Entremont (beaux-parents de Allain Bugeaud). Pierre était un des fils du premier Pierre Melanson qui est venu en Acadie vers 1657 à l’époque de l’administration anglaise de Thomas Temple. Marguerite était la fille aînée du baron Philippe Muis d’Entremont. Il y a tout lieu de croire que Pierre et Marie-Marguerite sont enterrés dans le cimetière Saint-Charles-des-Mines, mais l’absence de registres couvrant les premières années de la paroisse nous empêche de le confirmer. Nous savons, cependant, qu’au moins trois de leurs enfants sont morts et enterrés à Grand-Pré, à savoir Marguerite, Philippe et Pierre.  Pierre établie la Grand Prée et vivait dans un hameau qui porte encore sont nom “Melanson”.

Les Mines était le plus grand centre de population en Acadie, comptant 2450 habitants en 1750, dont 1350 habitants uniquement à Grand-Pré, ce qui en faisait le plus important de l’Acadie.
La région les Mines est contenu dans la région délimité en rouge. La partie Nord de la riviere Saint-Antoine est la paroisse Saint-Joseph des Mines et la partie sud est la paroisse Saint Charles des Mines (Grand Pré)

Les Mines comprenait deux paroisses catholiques. Celle de Saint-Joseph-des-Mines comprenait les villages de Rivière-aux-Canards et d’Habitant jusqu’à Pereau tandis que celle de Saint-Charles-des-Mines correspondait au village de Grand-Pré dans le sud.
L’église Saint-Joseph-des-Mines était une église catholique située dans le village de Canard et desservait aussi Habitant. Elle était reconnue pour sa beauté mais fut détruite sous les ordres de John Winslow lors de la Déportation des Acadiens.

L’église catholique Saint-Charles-des-Mines était une église située à Grand-Pré. Elle était le siège de la paroisse du même nom, qui comprenait les villages de Grand-Pré, et Gaspereau. Le curé logeait dans un grand presbytère situé dans la prairie, au nord-ouest du village de Grand-Pré. Les habitants de la région furent emprisonnés dans l’église en septembre 1755, où on leur lut l’ordre de déportation. L’église fut ensuite incendiée et la population expulsée d’Acadie. Le site de l’église est aujourd’hui un site historique national.
En 1686, Grand-Pré reçut la première visite d’un prêtre, l’abbé Valliers de Québec. Les habitants supplièrent l’abbé de leur envoyer un prêtre résident, en promettant de le supporter et de construire une église et un presbytère. Ils donnèrent une île, aujourd’hui la terre ferme.

 

REGISTRES de GRAND-PRÉ

1) Les premières naissances de Grand-Pré auraient eu lieu en 1682. Leurs baptêmes furent enregistrés par le père Moireau à Beaubassin. Ces baptêmes sont donc mèlés à ceux de Beaubassin dans le registre de la paroisse Notre-Dame-du-Bon-Secours-de-Beaubassin. Le registre de 1679 à 1686 existe, (AAQ). (La paroisse devint par la suite Notre-Dame-de-l’Assomption)

2) À partir de 1686 les actes religieux de Grand-Pré sont enregistrés à Beaubassin par Pierre Volant de St-Claude. Quoiqu’une église fut erigée à Grand-Pré en 1687 il n’y avait pas de prêtre résident. Malheureusement ce registre est perdu.

3) Le premier curé résident à Grand-Pré fut l’abbé Jean François de Saint-Cosme. Il arriva en 1692. Son registre n’a pas été retrouvé.

4) En 1700 le père Bonaventure Masson remplace à Grand-Pré l’abbé St-Comes. Son registre fut amené par les Acadiens déportés au Maryland. Puis ce registre aboutit à S-Gabriel d’Iberville en Louisiane. Mais n’ayant pas de couverture convenable les premières et dernières pages sont disparues.
Une copie de ce registre (1707-1715) est disponible au LHNGP.

5) Le registre suivant fut commencé par le Récollet Félix Pain en 1717. Ce registre fut aussi amené par les Acadiens déportés au Maryland. Puis ce registre aboutit à S-Gabriel d’Iberville en Louisiane. Une copie de ce registre (1717-1739) est disponible au LHNGP.

6) Le registre de 1739-1748 fut débuté par le prêtre Charles de la Gouladie. Ce registre fut aussi amené par les Acadiens déportés au Maryland. Puis ce registre aboutit à S-Gabriel d’Iberville en Louisiane. Une copie de ce registre (1717-1739) est disponible au LHNGP.

7) Le registre de St-Charles-des-Mines de la Grand-Prée (1748-1755) tenu par Jean Baptiste Chauvreulx n’a pas été retrouvé.

 

Les curés de la Grand Pré

 

Jean Baudoin 1688  
Louis Geoffroy 1689-1692  
Jean-François Buisson de Saint-Cosme 1692-1699 Avait une mauvaise relation auprès du gouvernement français, et dut démissionner.
Abbé Guay 1699-1702 Rappelé à cause des plaintes.
Bonaventure Masson 1703-1715 Seul prêtre inhumé à Grand-Pré
Son acte de décès indique que son enterrement a eu lieu le 16 février 1715. Pendant son séjour dans cette paroisse, Grand-Pré a été attaqué par les soldats du colonel Benjamin Church qui ont pillé l’église, brisé les digues, tué le bétail et brûlé presque toutes les maisons. Ils ont aussi pris un certain nombre de prisonniers. Il se peut que les premiers registres Saint-Charles-des-Mines aient été détruits au moment de cette attaque de 1704. L’année suivante, le roi Louis XIV a envoyé un calice, un ciboire, un ostensoir et un ornement complet destinés à la paroisse de Saint-Charles-des Mines.Ce fut le Père Bonaventure Masson qui prit la desserte de la paroisse de la Grand-Prée en 1703, et il y resta jusqu’à sa mort.

Ci-suit l’extrait de sépulture de ce missionnaire: “L’an 1715, le 16 de février, est décédé le Rév. P. Bonaventure Masson, récollet missionnaire de cette paroisse, ayant gouverné cetter paroisse durant douze ans avec son édification, après une maladie très aiguë, et très sensible, son corps n’étant qu’une plaie, laquelle il a supportée avec une très grande patience et une parfaite résignation à la volonté de Dieu et avec un grand détachement des choses de la terre, conformément à son état. Et durant laquelle maladie il a reçu les sacrements de l’Eucharistie et de l’Extrême-Onction avec des sentiments très pieux et religieux, à lui administrés par Monsieur Gaulin, grand-vicaire de Monseigneur de Québec, et missionnaire des Sauvages, qui s’est trouvé heureusement dans la mission pendant la maladie. Son corps a été inhumé dans le cimetière de cette paroisse par Monsieur Gaulin, en foi de quoi j’ai signé ce 18 de septembre de la présente année.


Fr. Félix Pain, Récollet,
Missionnaire de Beaubassin.”


Ce fut sous l’administration de ce missionnaire qu’eut lieu, au mois de juillet 1704, l’invasion du colonel Benjamin Church, de la Nouvelle-Angleterre. Celui-ci pilla l’église, brisa les levées dans les marais, tua nombre de bestiaux, incendia presque toutes les maisons et fit plusieurs prisonniers. Après quoi il leva l’ancre et fit voile vers Beaubassin.
L’année suivante, le roi faisait acheter, à Paris, un calice, un ciboire, un ostensoir en argent massif, et un ornement complet pour la paroisse de Saint-Charles des Mines, qui furent envoyés sur le vaisseau du roi le Profond au Rév. Père Patrice René, supérieur des Récollets à Port-Royal, pour être remis au Père Bonaventure Masson. C’était, dit le ministre, “pour remplacer une partie de ceux qui ont été pris par les Anglais aux Mines.”

Le Père Bonaventure fut remplacé par un autre Récollet, le Père Félix Pain. Ce religieux fut amené de France, en 1701, par le gouverneur de Brouillan, en qualité d’aumônier des troupes à Port-Royal, poste qu’il garda jusqu’au mois d’octobre 1710, lors de la reddition du fort à Nicholson. Il se rendit alors à Beaubassin, qu’il desservit de 1710 à 1717 tout en étant curé des Mines depuis 1715. Il quitta la paroisse des Mines au mois d’août 1724 et se rendit à l’Île Royale, d’où il alla donner plusieurs missions à l’Île St-Jean. Bien que décédé bien des années avant le drame de 1755, Longfellow en fait, sous le nom de Père Félicien, un des personnages du poème Évangéline. C’était un homme fort intelligent et d’une grande habileté, qui rendit d’immenses services aux Acadiens pendant qu’il fut curé des Mines. Il fut le dernier des Récollets de la Province de Saint-Denis qui exerça son ministère aux Mines.

extrait du livre Le Grand Dérangement, Placide Gaudet pp. 53 et 54

Félix Pain 1715-1724  
Isidore Golet Octobre à novembre 1724 Chassé par les paroissiens à cause de sa mauvaise conduite.
Pierre Verquaillie Mai à juin 1725
Mars à avril 1726
Banni de Pigiguit en 1725.
Antoine Gaulin 1725-1730  
Jean-François Breault 1726-1729  
Charles de La Goudalie 22 avril 1730 au 14 mars 1740  
Jean-Baptiste Desenclaves 30 avril 1740 au 19 septembre 1741  
J. L. Laborest 30 octobre 1741 à 5 juin 1742  
Charles de La Goudalie 23 juin 1742 à 6 août 1748 Forcé à quitter la province par le gouvernement britannique.
Claude-Jean-Baptiste Chauvreulx 1748 au 4 août 1755 Arrêté par l’armée britannique

Les étudiants en archéologie de l’Université Saint Mary’s du Professeur Jonathan Fowler enregistrent des traits durant les fouilles de test à l’est de la croix Herbin en mai 2014.

Les fouilles de 2014 a Grand-Pré visaient à détecter les traces de la palissade de Winslow en introduisant des unités d’excavation dans une ligne s’étendant à l’est de la croix de Herbin, qui marque l’emplacement du cimetière avant la déportation. En supprimant les 25 premiers centimètres de sol perturbés (c.-à-d. La zone de labour), les chercheur ont réussi à détecter des changements subtils dans la couleur et la texture des sols indiquant où les tombes avaient été creusées il ya des siècles. En faisant une pause seulement pour enregistrer leurs emplacements (ils n’ont pas creusé aucun d’entre eux),

Cette carte de 1748 fait par Charles Morris (1711-1781) pour le Gouvernement Anglais de Shirley (Boston) et sous ordre de Paul Mascarene, gouverneur (Annapolis Royal) démontre des plans pour installer des protestants à Grand-Pré et ses environs. , Les établisement anglais sont étiquetés comme « No 1, No 2  et No 3 » sur cette carte.  Les autorités britanniques avaient planifié des établissements (représentés sous forme de grilles sur cette carte) à proximité immédiate des établissements acadiens existants (représentés ici par des concentrations de maisons). A noter, la grande concentration de maisons et l’église (représentée par un carré avec une croix) à Grand-Pré  au milieu de la carte et à la Rivière aux Canards, à la gauche de la carte et a Pisiquit au bas à la droite de la carte.  Cette carte illustre l’importance du peuplement de Grand-Pré et ses environs.

Note:

 

Appendice “A”


L’ÉGLISE ST-CHARLES DE LA GRAND-PRÉE.

Tous ceux qui ont écrit, à ma connaissance, sur la Grand-Prée, s’accordent à dire que Winslow fit incendier l’église de cette localité à l’automne de 1755, après de départ des navires emmenant les Acadiens en exil. En cela ils se trompent, car l’église de St-Charles de la Grand-Prée ne subit pas le même sort que celle de St-Joseph de la Rivière-aux-Canards, qui fut incendiée au commencement du mois de novembre de cette même année.

On sait que, le 18 août 1755, Winslow jetait l’ancre dans la rivière des Gaspareaux et, le lendemain, il établissait son camp entre l’église et le cimetière. Il transforma l’église de St-Charles de la Grand-Prée en place d’armes et le presbytère lui servit de résidence. Il demeura là jusqu’au 13 novembre 1755, alors qu’il partit pour Halifax, où il arriva le 19 du même mois. Il laissa le capitaine Osgood pour commander à sa place et déporter ce qui restait des habitants que, faute de navires, on n’avait pu embarquer. C’est pourquoi un bon nombre des maisons de l’ancien village de la Grand-Prée ne furent pas incendiées, non plus que l’église.

Osgood et son détachement hivernèrent à la Grand-Prée, semble-t-il, et après leur départ, en 1756, cette localité fut entièrement abandonnée jusqu’en 1760, quand arrivèrent des colons de langue anglaise venus du Connecticut; alors la Grand-Prée fut baptisée du nom de Horton. Celle appellation de Horton est aujourd’hui disparue.

Je détache du Kentville Chronicle le passage suivant publié en 1885: “C’est une erreur de supposer que le colonel Winslow et ses troupes ont brûlé et détruit toutes les bâtisses appartenant aux Français à Horton, Cornwallis ou Cobequid. De fait, les Acadiens ne furent tous emmenés de Grand-Prée qu’en décembre 1755, et pendant le temps qui s’est écoulé entre septembre et décembre de cette année, plusieurs des résidences furent occupées par les Acadiens eux-mêmes, et quand les colons du Connecticut arrivèrent pour la première fois dans Horton en 1760, et dans Cornwallis en 1761, bon nombre d’entre eux se retirèrent dans

les maisons françaises et mirent leurs animaux dans les granges, Old Barns, près de Truro, sur la baie Cobequid, est nommé d’après les granges françaises qui s’élevèrent là pendant longtemps, et jusque vers 1866 une vieille grange acadienne, avec un toit en chaume, s’élevait sur une petite colline vis-à-vis la maison de Ross Chapman, sur la rue Church, Cornwallis. Pendant longtemps elle servit de résidence au colonel Kerr, qui alla finalement se fixer à Parrsboro, et l’hon. Samuel Chipman s’en rappelait bien. Dans Horton, plusieurs des maisons du village de la Grand-Prée étaient encore debout longtemps après l’arrivée des colons de la Nouvelle-Angleterre, et une description minutieuse de l’église a été transmise jusqu’à nos jours.”
Qu’est devenu le manuscrit de cette transcription de l’église de la Grand-Prée? Ce serait une pièce très importante à découvrir.

Où se trouvait cette église? Est-ce vraiment sur le site qu’on indique de nos jours? On ne peut en douter.

La première église, qui était de petite dimension et qu’on peut appeler chapelle, a été bâtie sur une île, aujourd’hui disparue. Qu’on en juge par l’extrait suivant tiré de l’État présent de l’Église et de la colonie française dans la Nouvelle-France. C’est au mois de juillet 1686 que Mgr de Saint-Vallier s’arrêta aux Mines en revenant de Beaubassin. Voici: “De là je passai aux Mines: c’est une habitation qui s’appelle ainsi à cause du voisinage d’un rocher où, selon toutes les apparences, il y a une mine de cuivre, qu’on nous fit voir en passant. Les habitants sont des jeunes gens bien faits et laborieux, qui sont sortis de Port-Royal, comme ceux de Beaubassin, dont ils ont suivi l’exemple, pour dessécher leurs marais. J’employai un jour entier à contenter leur dévotion; le matin je fus occupé à les exhorter, à les confesser et à les communier à ma messe, et l’après-dînée à baptiser quelques enfants, et à terminer des divisions et des procès.

Ils me pressèrent en partant de leur donner un prêtre, et ils me promirent non seulement de le nourrir, mais encore de lui bâtir une église et un presbytère dans une île appartenant à l’un d’eux, que me l’offrit à ce dessein, ou toute entière, ou en partie, selon qu’on en aurait besoin.”

Tout me porte à croire que le colon qui offrit de céder le terrain qui, à marée haute, formait une île – pour y bâtir une église et un presbytère – était un jeune homme de 32 ans nommé Pierre Thériault, marié l’année précédente à Cécile Landry, née à Port-Royal en 1664, fille de René et de Marie Bernard. Lui aussi avait vu le jour à Port-Royal en 1655, et était fils de Jean Thériault et de Perrine Bau. Voici ce que dit de lui le sieur DeGoutin au ministre.

le 9 septembre 1694: “le dit Thériot est le plus considérable des Mines, dont il est comme le fondateur, ayant avancé presque tous ceux qui y sont venus s’habituer, sa maison étant l’asile de tous les veuves et orphelins et gens nécessiteux.”
Voici son extrait de sépulture tiré des registres de Saint-Charles de la Grand-Prée:

“Aujourd’hui 21 de la présente année 1725 est décédé Pierre Therrio, âgé de 60 ans, après avoir reçu les sacrements de Pénitence, d’Eucharistie et d’Extrême-Onction. Son corps a été inhumé dans le cimetière de cette paroisse, le 22 dudit mois de mars de la même année, étant mort le 21, avec les cérémonies de notre mère la Sainte Église Catholoque, Apostolique et Romaine.


Fr. Isidore Colet, missionnaire des Mines.”

Que Pierre Thériault fut ou non le donateur du terrain qui forme aujourd’hui le Parc commémoratif de la Grand-Prée, ses cendres y reposent. *

Lorsque le terrain, cédé par Pierre Thériault ou bien par Pierre Melanson, sieur de la Verdure, fut endigué, les eaux des hautes marées cessèrent de l’entourer et d’en former une île.

En quelle année fut bâtie la première église de la Grand-Prée? Voilà une question qu’on ne peut résoudre au juste, vu que les données se contredisent. Par un “recensement de la colonie de l’Acadie” fait en 1689, on voit qu’il y avait un prêtre aux Mines, mais il n’est pas fait mention d’église. À cette date, il y avait une église à Port-Royal et une autre à Chignictou, et deux prêtres à Port-Royal, un aux Mines, un à Chignictou et un à Pentagouet.

L’historien catholique américain Gilmary Shea, lors d’un voyage qu’il fit à la Louisiane en 1887, se rendit à St-Gabriel, Iberville, et trouva au presbytère de la paroisse les volumes des registres de la paroisse de St-Charles de la Grand-Prée, que les Acadiens avaient emportés avec eux lors du Grand Dérangement. En 1888, Shea écrivait à feu Mgr C. O’Brien, Archevêque d’Halifax, que ces registres commençaient en 1688 et finissaient en 1755. En apprenant cette nouvelle, Mgr O’Brien s’adressa à l’archevêque de la Nouvelle-Orléans, le priant de bien vouloir ordonner que ces registres lui fussent envoyés à Halifax. Cette demande, d’abord favorablement accueillie, fut ensuite refusée. Il est malheureux que Mgr O’Brien n’ait pas accepté l’offre qu’on lui fit alors de lui faire faire une transcription fidèle de ces très précieux documents, car quand il y consentit, en 1895, une bonne partie de ces registres avaient été détruits lors de la grande inondation qui eut lieu à l’automne de 1893. La surprise de l’archevêque fut donc grande en recevant cette transcription, qui ne commençait qu’en 1707 et finissait en 1748.
J’appris, à l’automne de 1893, que Mgr O’Brien savait où se trouvaient les registres de la Grand-Prée et je lui écrivis à cet effet. Voici ce que Sa Grandeur me répondit le 12 novembre 1893: “Les registres de l’église Saint-Charles de la Grand-Prée de 1687 ou 1688 à 1755 se trouvent à l’église Saint-Gabriel, Iberville, Louisiane. Il y a cinq ans, j’ai demandé vainement de les remettre à ce diocèse.”

Par une autre lettre du même en date du 22 novembre 1895, il me dit: “J’ai été considérablement désappointé à la réception des copies des registres envoyées d’Iberville. La transcription en est très bonne, mais elle ne commence qu’en 1707 et il s’y rencontre de sérieuses lacunes. Le Dr Shea m’avait écrit que ces registres commençaient en 1688 – l’année que l’église fut ouverte. C’était un homme trop bien renseigné pour pouvoir se tromper au sujet de ces registres. Par conséquent, il a dû les voir là en 1887.”

D’après ce dernier extrait, l’église de la Grand-Prée aurait été ouverte au culte en 1688. Cependant, par un “recensement de la colonie de l’Acadie”, fait en 1689, on voit qu’à cette date il y avait un prêtre aux Mines, mais il n’est pas fait mention d’église, ce qui démontrerait que Shea est dans l’erreur quant à l’ouverture de cette église en 1688. C’est vraisemblablement en 1689 que cette église ou chapelle fut bâtie, bien qu’on commençât à tenir des registres en 1688.

La maison de Pierre Thériault dut servir de résidence au prêtre missionnaire qui y célébrait également la messe avant la construction de l’église vers 1689.

Deux ans après sa visite aux Mines, Mgr de Saint-Vallier accéda à la demande des habitants et leur donna pour premier missionnaire résidant l’abbé Jean Beaudoin, qui y passa quelques mois, puis alla à Beaubassin. Il fut remplacé par l’abbé Louis Geoffroy, sulpicien, qui avait accompagné le deuxième évêque de Québec lors de son premier voyage en Acadie, en 1686. Il y passa trois années, de 1689 à 1692. Ce fut probablement lui qui fit bâtir, vers 1689, une chapelle, qui servit d’église paroissiale. L’abbé Geoffroy installa aux Mines des écoles qui portèrent des fruits: les

APPENDICES 53

nombreuses signatures des habitants aux registres de la paroisse l’attestent. En quittant les Mines, ce missionnaire alla prendre la cure de Laprairie, où il fut installé le 30 septembre. Il mourut à Québec en mars 1707. Il était né à Paris en 1661.
L’abbé Jean-François Buisson de St-Côme, prêtre canadien, ordonné le 2 février 1690, lui succéda en 1692. Il eut le malheur de déplaire au sieur de Villebon, commandant à l’Acadie, et à DeGoutin, qui le prirent en grippe et ne cessèrent de porter des plaintes contre lui auprès du ministre jusqu’à ce qu’il partit, en 1699.

Son successeur fut l’abbé Guay, qui prit charge de la paroisse au mois de septembre 1699. C’était un prêtre sans expérience, sans tact ni mesure, et sur les plaintes qu’on porta contre lui, le ministre exigea son rappel en 1702. Comme son prédécesseur il était prêtre des Missions Étrangères. Ce furent les derniers qui desservirent les Mines pour nombre d’années.

Après le départ de l’abbé Guay, la paroisse passa aux religieux récollets de la Province de Saint-Denis ou Paris, qui fondèrent, en 1703, un couvent à Port-Royal.

extrait du livre Le Grand Dérangement, Placide Gaudet pp 49-53